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    CRITIQUES DE LIVRES ET FILMS

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      Voir dans la catégorie "Fictions sur l'aviation et l'espace" la critique des ouvrages :

    Galland, Adolf :   Jusqu'au bout sur nos Messerschmitt

    Nagatsuka, Riujiu :   J'étais un kamikaze

    Mouchotte, René :   Carnets

    Townsend, Peter :   Duel dans la nuit

    Scott, Robert Lee :   Dieu est mon copilote 

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    (Comme pour les pastiches, la "critique" de ce qu'on n'a pas lu est évidemment d'intérêt limité...)

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    Milan Kundera :   L'insoutenable légèreté de de l'être

      On apprend que la mère de l'auteur trouvait drôle de l'affliger en sortant son dentier de sa bouche, et que sa maîtresse est singulièrement excitante nue en chapeau melon. Voilà de la littérature. De bonnes pages pourtant sur le kitsch. Qu'est-ce que le kitsch ? L'auteur cite le cas d'enfants étasuniens jouant sur une pelouse à deux pas du Capitole. Là n'est pas le kitsch. Un vieux crocodile de sénateur arrête sa limousine pour pleurer à la vue des enfants qui jouent sur la pelouse. Le kitsch tient à ce que le sénateur pleure moins à la vue des enfants qui jouent sur la pelouse, qu'à la pensée qu'il communie avec tous les hommes qui pleurent à la vue d'enfants jouant sur des pelouses.

      Ce jour, France-Inter m'apprend qu'un sportif ayant gagné une course revient sur la pelouse du stade entouré de sa femme et de son jeune enfant. Ce n'est rien de plus, mais la foule en étouffe d'émotion. Les journalistes présents ont le coeur étreint de la stupeur de la foule. Le sportif reconnaît avoir connu un grand moment. Et on raconte que l'insoutenable, etc., aurait de nombreux lecteurs ! Ils n'étaient pas dans ce stade.

    Georges Bernanos :   l'imposture

      279 pages. Les brillantissimes pages 1 à 21, confession d'un puceau âgé qui voudrait bien pour ses pauvres fantasmes être regardé par son directeur comme un pécheur considérable, font un morceau d'anthologie à découper et conserver à part. On peut jeter  l'imposture constituée par les pages 22 à 279.

    Yukio Mishima :   le marin rejeté par la mer 

      Mishima s'est fait hara-kiri. Il a eu bien raison.

    Jürgen Thorwald :   la débâcle allemande 

      Intéressant pour ses soixante pages accablantes sur le sujet peu abordé ailleurs, des trois semaines du gouvernement du Grand-amiral Dönitz après la mort de Hitler.  

      Trois semaines !  Comment le Grand-amiral pouvait-il en effet espérer conserver plus longtemps la confiance du peuple allemand ? Car ses réalisations sont nulles : rien pour l'emploi sinon de belles paroles, car il fait faire antichambre vainement à Himmler qui cherchait un portefeuille ; il ne fait rien pour l'aviation, résultat ordinaire de l'universelle jalousie inter-armes ; il fait de toute façon très peu pour la marine ; rien du tout pour le bâtiment ; et enfin, comme si l'Allemagne pouvait accueillir toute la misère du monde, il n'a rien fait pour chasser les millions d'étrangers.

    Georges Bernanos :   Monsieur Ouine 

      Exceptionnellement chiant, même pour un ouvrage reconnu de la plus grande littérature ; mais chiant, ce monsieur Ouine, au point de battre sur ce plan jusqu'àMonsieur Godeau de Jouhandeau. Jouhandeau serait justement ignoré sans la vénération qu'il est rendu moralement obligatoire par les belles âmes de lui marquer, simplement parce qu'il est le rejeton d'un département sinistré ; c'est à peu près comme il faut aussi d'obligation prendre au sérieux les Evangiles dont personne ne lirait une ligne si leurs auteurs n'étaient des israélites persécutés. Monsieur Godeau raconte vaguement la même chose que Monsieur Ouine, encore qu'à l'envers et de façon complètement différente sur un sujet parfaitement distinct. "Pouah ! C'est mauvais !" proteste le malade en recrachant la drogue ; "ça prouve que le médicament est bon" lui répond le charlatan (Morris, l'élixir du Dr Doxey). C'est la même chose en art : un livre chiantissime révèle un auteur "immense", comme on dit. Ai lu à raison de cinq pages quotidiennes pendant deux mois, la destinée de ce monsieur qui ouinn's à ne pas être connu. Et pas gai, avec ça ! Ce n'est pas comme dansMonsieur Godeau où l'on rit au moins quelques pages avec l'exhumation et la réduction des corps de dix religieuses, dont neuf décemment décomposées, et une simplement "moisie". In pulvere reverteris... Cela ne lui donc rien ?... Qu'importe : on la jette comme elle est dans le caveau final de neuf mètres carrés capable d'héberger en vrac dix mille âmes, mille ans de la population du couvent. Ai relu ensuite le dialogue des Carmélites pour changer un peu d'air. La fin d'ailleurs est la même.

    Georges Bernanos :   Sous le soleil de Satan    

      A la quatorzième ligne : "une dynastie de meuniers et de minotiers, tous gens de même farine."

      Franchement... Vous continueriez ?

    Chevallier :   Clochemerle

      D'abord, Clochemerle n'est pas un village mais une petite ville : à cesser donc de toujours citer à l'occasion d'une querelle de bouseux. Ensuite, on se demande pourquoi il n'est pas au programme des écoles tant on a peu fait aussi bien dans un antimilitarisme aussi brillant et sans la moindre lourdeur moralisante. Bourré aussi d'excellents aphorismes que dans notre modernité d'aucuns diraient bien un peu misogynes ; ainsi : "Les femmes, quand on y songe, elles n'ont que ça à penser." 

    Chevalier :   Manuel du dessinateur industriel

      Tiré à plus de millions encore que le précédent. Le "Bled" du dessin industriel. Aucun intérêt. Ce n'est même pas le même Chevalier.

    François Mauriac :   Thérèse Desqueyroux

       "Dèqueyroux" ou "Dessqueyroux" ? 

    John Knittel :   Thérèse Etienne

      Autre Thérèse assassinant son mari.

    Emile Zola :   Thérèse Raquin

      Encore !...  Laissez les Thérèse rester vieilles filles ; c'est plus sûr.

    André Maurois :   Climats 

      Tout ce que l'amour a de subtil, raffiné, charmant. Si mon exemplaire vous tente, n'hésitez surtout pas à l'emporter. "Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux" (Voltaire) 

    Michel de Saint-Pierre :   Les aristocrates 

      Tout ce qui peut advenir à une famille titrée tombe en deux cents pages sur la tête de celle du livre. Haletant. On a vraiment le sentiment de faire partie de la famille, surtout moi qui vois au chapitre 17 le marquis de Maubrun, personnage central, lire le Journal Officiel du 3 juillet 1953, jour de ma naissance ! Laissez-moi mon exemplaire.

      Adapté à l'écran avec brio, Pierre Fresnay faisant un noble plus noble encore qu'en capitaine de Boieldieu de la Grande Illusion. Il semble dangereux de montrer ainsi au peuple qu'un roturier peut passer magistralement pour plus noble que nature. Et lorsque selon le film, tantôt le metteur en scène, tantôt le partenaire sont d'authentiques nobles eux-mêmes, quelle inconséquence de la part de leur classe !

      A noter qu'à l'exception d'un faux noble et d'une future marquise, tous les personnages "roturiers" du livre parlent ou écrivent un français défectueux. Funny !

    Philippe Hériat :   Famille Boussardel 

      Toujours inégalé pour occuper les dimanches après-midi pluvieux.

    Stefan Zweig :   Marie-Antoinette

      Pourtant réputé pour la gaîté de ses ouvrages, l'auteur manque ici comme par un fait exprès plusieurs occasions de plaisanter à travers des parallèles qui sautent aux yeux du lecteur. Qu'on en juge :

      Stefan Dreig nous conte en détail les tribulations intimes des sept premières années du ménage Capet. Que n'en profite-t-il pour blaguer : "Ce pauvre Louis XVI aura tout vu : il ne doit pas être amusant de se faire trancher le prépuce sans anesthésie."

      Autre chose : Maïté d'Autriche, impératrice mère de "Toinette" comme on surnommait irrévérencieusement la dauphine, au départ de cette dernière de Vienne pour les félicités de la chambre à coucher, lui remet pour viatique un mémorandum politique à relire tous les mois de sa vie ; et quel jour du mois ? le 21 ! Et Stefan Vierg de manquer encore une occasion de s'esclaffer.

      L'auteur passe au récit de la fuite à Varennes. Le ménage royal, nous dit-il en page 322, traverse "la grande ville de Châlons". Qu'avait donc fumé ce jour-là Stefan Fünfg ? car Ruthénium qui vécut vingt-huit années dans cette maigre cité ne s'est jamais avisé qu'elle fût grande. Mais voilà que Stefan Sechg onze lignes plus bas écrase le mégot de son pétard puisqu'il requalifie le lieu-dit de "petite ville sans distraction".

      A noter que la fin du roman, pour être digne sans doute, n'est pas heureuse.

      (et par association d'idées, on peut voir une belle tête de Stefan Siebeng dans le jardin du Luxembourg.)

    Fédor Dostoïevsky :   Crime et châtiment

      Moi qui jusque dans l'adolescence n'ai jamais une seconde cru au marxisme (simple affaire de conformation logique de la cervelle), il m'a fallu après la débandade communiste internationale de 1989 entendre comme vous aussi l'invraisemblable étalage de morgue imbécile de tous ces "intellectuels" forcés de reconnaître avoir fait fausse route, mais proclamant avoir eu raison d'avoir eu tort, accusant de surcroît ceux qui avaient eu raison de n'avoir eu raison que pour avoir été des salauds incapables de laisser le coeur égaré l'emporter sur les évidences flagrantes.

      Je tenais donc depuis lors ces pouffiats de l'intelligence pour des modèles de stupre intellectuel coupables d'un hallucinant péché d'orgueil. Pas de chance : c'est moi qui ai tort. Fiodor Mikhaïlovitch me l'apprend dans son roman : celui qui a péché et s'est repenti est meilleur que celui qui n'a jamais péché

    Aragon :  les beaux quartiers

      Le prénom de cet auteur est mal déterminé. Certains l'apostrophaient d'un "Louis" et d'autres tels Cohn-Bendit, d'un "Vieux con".

      On sait le rôle d'Aragon dans le mouvement surréaliste ; c'est une application des principes de cette école qui nous vaut la signature toute fière de l'ouvrage :"terminé le 10 juin 1936 à bord du Félix Dzerjinski."

      Alors là, chapeau, hein !

    Brigitte Bardot :   Initiales B.B.  (mémoires)

      Commentaire en cours de relecture par mon avocat.

    Jean-Pierre Luminet :   les trous noirs ;   Eugene Cernan :   J'ai marché sur la lune ; condensé paru dans Sélection

      Pour savoir en un instant avec assez de sûreté ce que vaut un auteur inconnu, il faut dans son livre lire en premier la dernière phrase. Le commencement ne signifie rien. Longtemps je me suis couché de bonne heure... Quelle affaire ! Sans compter que c'est la porte ouverte à tous les canulars littéraires : sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent... 

      Si la chute est neutre ou absente, on a affaire à un simple rédacteur suffisamment modeste pour mesurer ses limites. Est-elle plutôt du genre : "Elle lui sourit, et tous deux partirent d'un grand éclat de rire" ; ou bien encore : "les grilles du château se refermèrent sur le jeune couple à l'orée de l'allée d'ormes séculaires" ; alors, je suppose que vous venez d'acquérir sur place de quoi patienter en attendant le train.

      La chute est-elle astucieuse, inédite, drôle, originale, on tient peut-être un écrivain. Est-elle boursouflée d'une prétentieuse philosophie naïve, ou d'un sentimentalisme niais à pleurer, et l'ouvrage ne vaut que par son éventuel contenu d'information pure. Commençons ainsi par la chute du livre de Luminet (Luminet, les trous noirs !) :

      Il ne faudrait pas que l'expression trou noir soit comme le mot Dieu : qu'elle masque et déguise somptueusement ce que nous ignorons. Fin du livre.

      Hé bé !

      Poursuivons avec la chute du livre de Cernan (Apollo X et XVII) :

    - C'est vrai, mon papy, que tu es allé là-haut ? m'a demandé ma petite fille en montrant la lune.

    - Oui, ma petite puce. Ton papy est allé là-haut. Il y est vraiment allé.  Fin du livre.

       Prends un  nègre !

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     CINEMA

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    La grande illusion

      De ce que nos rois furent mal entourés, mal conseillés, résulta que la famille Laudenbach ne fut jamais anoblie. Il n'importe : aucun noble ne parut jamais plus noble que Pierre Fresnay son rejeton. Spécialisé dans les rôles aristocratiques comme Noël Roquevert dans ceux de de colonel en retraite, il devait nous donner le comte de Boieldieu de cette Grande Illusion avant le marquis de Maubrun des Aristocrates de l'assurément noble Denis de la Patellière ; outre le rôle de Vincent de Paul (dont la particule ne doit pas égarer) pour la noblesse du coeur, "la seule vraie" disent les roturiers qu'on s'abstient par charité de corriger, aux deux sens du terme.

      Hélas ! Si certains nobles comme l'auteur des SAS ont mis leur titre en étrange position vis-à-vis du devoir d'exemplarité de leur classe, par leurs descriptions souvent franchement ridicules de fellations, onanismes partagés et sadismes consternants, d'autres n'on jamais été nobles du tout. Parmi les habituels roturiers qu'on croit toujours nobles figurent trois grands soldats allemands du XXème siècle : Stroheim, Paulus et Ludendoff. Les deux derniers ont perdu : on n'est jamais si grand que dans le malheur. Le premier n'a jamais vu une caserne sauf en studio, qui s'est fait sa vie durant passer pour expert militaire ; sa particule est imaginaire comme on pouvait s'en douter : "Monsieur de la Chaumière" ! Je sais un paysan que l'on nommait Gros Pierre...

      La Grande Illusion ferait date dans l'histoire de notre cinéma sans une erreur absolument grossière qui n'ayant échappé à personne, l'a définitivement perdu dans l'estime des connaisseurs - la "beauté" de Dita Parlo sinon suffisait au désastre. Jugez plutôt : nous voyons sur un mur à la minute 33 du film, censé se passer en 1916, une carte de l'Allemagne après le traité de Versailles ! Hou, hou !

      A la minute 76 Pierre Fresnay marchant en Allemagne en jouant de la flûte entraîne derrière lui tout une troupe d'Allemands. Il est ici permis aux germanistes de soupçonner la malice délibérée du scénario.

     

    Les Hauts de Hurlevent

      J'ai réussi à tenir jusqu'au bout, à l'inverse de mes vains essais avec le roman. Une magistrale exécution au claveçin de la version courte de la marche turque de Mozart. A part cela...

      Le roman, lui, est un chef d'oeuvre : l'ennui profond qu'il exprime tout du long est la marque infaillible des oeuvres élevées. C'est un Creusois qui rédige ces lignes : il sait grâce à son mortel compatriote Jouhandeau ce dont il parle ; on préfère de loin se poiler à Guéret avec les oeuvres du Creusois autrement plus amusant Jean Guitton, sorte de Marcel Aymé du Limousin. Pour en revenir aux soeurs Brontë, on toussait en famille plus qu'on ne rigolait dans le presbytère de Haworth ; le bacille de Koch devait par bonheur y faire bientôt cesser la production littéraire.

     

    Les sentiers de la gloire

      On a rendu à ce film un signalé service en l'interdisant si longtemps en France : tout le monde à présent se jette dessus, alors qu'il n'est pas si extraordinaire. Le film s'interrompt sur une très bonne scène de cabaret, pourtant, juste avant la tournante géante qui semble inéluctable ; mais bon ! C'est la guerre.

      C'était pourtant de la part de Kubrick qu'on n'attendait guère sur ce chapitre, un intéressant effort de réhabilitation de l'autorité dans l'armée, trop souvent en butte à l'indiscipline atavique de notre peuple. Il est malvenu de pleurer sur les fusillés pour l'exemple et d'invoquer de grands principes lorsque le PIB est en danger. Le généralissime allemand Ludendorff ne s'y trompait pas, lui qui écrivait après-guerre : "On a poussé jusqu'en Allemagne des cris d'indignation devant l'implacabilité de l'état-major français face aux rébellions de soldats et refus d'obéissance. Mais quoi ! Il ne faisait que son devoir, à l'inverse du nôtre sans cesse entravé dans l'exécution du sien par toute sorte de protestations soi-disant humanitaires venues souvent des autorités elles-mêmes !"

     

      (La procédure à l'américaine du conseil de guerre dans le film est totalement ridicule. Pourquoi cette absurdité du scénario chez un metteur en scène connu pour son exigence dans le détail des reconstitutions ?)

     

    Citius, altius, fortius

      Un film peu connu de Renoir, une critique railleuse du sport-spectacle et de l'ampleur démesurée de l'investissement individuel exigé dans le sport professionnel.

      Gabin très bon dans le rôle du sprinter qui s'étale à chaque tentative de départ. Le meilleur du film est toutefois donné par Jouvet, irrésistible dans le rôle de l'entraîneur assistant avec la plus parfaite impassibilité aux chutes répétées de son poulain.

      En bien hélas, ce film dont vous vous régaliez par avance, que vous demandiez déjà à votre fournisseur de disques, n'existe pas. Nous allons poursuivre une fois encore dans cette voie en rapportant ci-dessous un résumé fait naguère sur un forum de cinéma où nous passions sous le pseudonyme "Grandson" pour y taper délibérément sur les nerfs des participants au moyen d'une foule de remarques inopportunes, en particulier dans la démolition des impossibilités physiques de diverses scènes d'oeuvres connues. Après avoir bien exaspéré quelques semaines les cinéphiles...

     

    Björ oglup jnig taddordhür

      A tous mes amis, et je les sais nombreux, j'annonce qu'ils auront le regret de ne pouvoir me lire d'une quinzaine : je pars en Suède. Un vrai cinéphile bien entendu ne perd jamais son temps, et je profiterai de mon voyage pour aller voir au cinéma Björ oglup jnig taddordhür qui cartonne là-bas plus fort qu'ici les Chtis. C'est comme son nom l'indique un film assez gore qui doit son succès à ce qu'il prend le contrepied des asphyxiantes valeurs morales et civiques dont est gavé tout Suédois depuis le berceau. Aux Scandinaves étouffés par le carcan du puritanisme moral, du féminisme en délire, de l'égalitarisme forcené, du tutoiement de rigueur, du politiquement correct érigé en réflexe de Pavlov... les miasmes du scénario apparaissent comme un véritable ballon d'oxygène (de dioxygène, rectifierait immédiatement mon fils dans le secondaire).

      Argument du film : une Suédoise archétypale de magazine français, s'égare dans la nuit polaire au volant de sa SAAB (Svenska Aeroplan Aktiebolaget) tricylindre à deux temps de 1960. Elle finit par entendre ses roues patiner définitivement. Elle a beau manier nerveusement le levier de vitesses et l'embrayage en faisant devant l'objectif secouer de manière intéressante sa crinière léonine, et frémir de colère ses formes sculpturales, elle n'en est pas moins bloquée sans remède. La critique y a vu les prémisses d'un retour des "valeurs" machistes à travers la symbolique impuissance de la Femme elle-même à imposer sa volonté à la matière. L'héroïne ouvre alors sa portière et descend dans la nuit. Ses escarpins s'enfoncent jusqu'au mollet dans les détritus entassés sur la décharge de Tushpamaköping : foetus, rats, gnomes... Progressant malaisément vers une croisée lugubrement éclairée qu'on aperçoit au loin, elle tombe au détour d'une montagne de sacs poubelle sur un homme occupé à la perpétration du pire crime sexuel concevable dans les pays du Nord : il urine debout...

      Cote de la Centrale Catholique du Cinéma : pour toutes.


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